Kamis, 06 Februari 2020

Oeuvres poétiques

Category: Livres,Romans et littérature,Autres littératures étrangères

Oeuvres poétiques Details

« Imaginons que, dans les années 1910-1920, Valéry, Cocteau, Cendrars, Apollinaire et Larbaud aient été un seul et même homme, caché sous plusieurs masques : on aura une idée de l'aventure vécue à la même époque au Portugal par celui qui a écrit à lui tout seul les ouvres d'au moins cinq écrivains de génie, aussi différents à première vue les uns des autres que les poètes français que j'ai cités. » Ainsi Robert Bréchon présente-t-il Pessoa. Les « masques » dont il parle ne sont pas de simples pseudonymes. Nés en Pessoa, Alberto Caeiro, Ricardo Reis, Álvaro de Campos sont ses principaux hétéronymes. Ils ont une biographie, des opinions politiques, des idées esthétiques, des sentiments : Campos interviendra par jalousie dans la correspondance amoureuse entre Pessoa et la bien réelle Ophélia... Chacun d'eux a subi des influences particulières ; chacun d'eux possède sa propre inspiration, son propre style et son ouvre « personnelle », laquelle entretient des liens complexes avec l'ouvre orthonymique, celle que Fernando Pessoa signe de son nom. Pour la première fois en français, hétéronymes et orthonyme sont présentés dans un même volume, qui fait une large place aux textes posthumes et propose quantité de poèmes inédits. Les traductions ont toutes été élaborées dans le souci de maintenir aussi forte que possible la tension entre la diversité des « instances créatrices » et l'unicité du grand ordonnateur que fut Pessoa.

Reviews

Cette presque synthèse de la poésie (des poésies) de Pessoa doit être saluée, étant l'aboutissement réussie d'une longue et laborieuse fréquentation de l'?uvre pessoenne, celle éditée et celle (partiellement) inédite. Le texte introductif de Robert Bréchon est très éclairant. Les notes de Quillier sont érudites et suggestives.Cependant certaines des interprétations qu'elles livrent sont, aujourd'hui, discutables. En outre, le choix d'un français ici ou là par trop "poétisant", voire archaïsant, et, surtout, les adjectifs et autres adverbes inutilement surajoutés aux vers traduits, non seulement s'écartent du texte limpide original comme ils en altèrent le sens. Revenir aux originaux!? quand un (des) volume(s) contenant les innonbrables et incomparables ?uvres en prose de Pessoa dans la Pléiade?Pessoa, le poète et le prosateur (dont le magnificent Livre de l'intranquillité), qui a également écrit de nombreuses histoires policières, une multitude de contes et nouvelles, près de 20 pièces de théâtre, un Faust revisité, qui a laissé une malle de réflexions sur la littérature et les écrivains, sur la société, sur la politique de son temps, qui a noirci des pages entières sur les sciences occultes, sur l'économie, sur la philosophie, a aussi beaucoup réfléchi et pratiqué la traduction. Dans l'une de ses notes éparses, il dit ceci, en portugais: "La traduction d'un poète lyrique ne vaut que pour donner une idée de ce qu'il a écrit et de ce sur quoi il a écrit; le lecteur de sa poésie doit cependant être toujours averti d'une certitude: celle qui fait que cette traduction, pour aussi bonne qu'elle soit, est en même incomplète et fausse." Cela est d'autant plus vrai que, pour Pessoa, l'important avec la poésie, c'est de conserver d'une langue à l'autre ce qui fait qu'un poème est poème: son rythme. Une véritable gageure, surtout quand on verse dans la langue française, avec ses pronoms relatifs et ses méandres périphrastiques, un poème composé dans cette langue synthétique et plastique qu'est le portugais (et qui plus est le portugais souvent intellectualisé de Pessoa)...La traduction de Patrick Quillier, pour belle et recréative qu'elle soit, n'échappe pas, comme toutes les autres, à cet apophtegme pessoen... Mais c'est aussi grâce au mérite de ce traducteur-poète, attentif qu'il est aux sens et aux sons des mots, n'hésitant pas à retraduire les mêmes poèmes sur 15 ans afin d'en affiner et épurer le sens au plus près des textes originaux et des manuscrits, que le lecteur peut vouloir aller plus loin dans l'?uvre de l'écrivain. Et pourquoi pas - cela s'est déjà vu! - désirer s'initier au portugais seulement pour écouter la "musique" si personnelle de la langue (des langues) de Pessoa au sein de la langue! Comme avec la saudade - un mot qui parsème ses poèmes, et que le traducteur choisit de transposer tel quel en français.

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